Prière du plus grand péril

Ce soir je vais écrire, appliquer mon esprit
A l’acte périlleux.
Ecoute donc, ô Dieu,
Mon angoisse et ma foi, mes espoirs et mon cri.

Dans l’acte dangereux que ma plume acérée
Commet sur du papier,
A tout jamais lié,
Je ne veux regretter ma parole gravée.

Que mon chant soit une hymne, ô réel Créateur.
Garde-moi du blasphème.
Que mon cœur toujours sème,
Malgré l’intelligence et la vue du malheur.

Pitié pour moi, ô Dieu, en ta grande bonté,
Adoucis l’amertume
De ces dons qui consument
L’esprit qui ne s’abreuve à ton eau de clarté.

Un ver est dans mon cœur, comme au fruit défendu.
Il  convoite ma foi
Et mon espoir en toi,
Par le piège glorieux de qui croit avoir su.

Mais j’ignore et je sais et je sais que j’ignore.
Maintenant je suis nu.
Devant toi, je suis lu,
Sans aucun vêtement pour masquer mes grands torts.

Un bronze retentit, la cymbale résonne.
Ne permets pas que je sonne
Creux.

Ce soir je me souviens de mes jours d’autrefois,
On disait que la foi
Déplace les montagnes
Et cependant je crains l’orgueil d’une tour magne.

Que ma pierre bâtisse et ne fasse tomber,
Qu’elle ne tue ou ne blesse,
Mais bien qu’elle ne cesse
De soutenir le juste en son désir de paix.

Que ma parole aujourd’hui soit de celles
Sur lesquelles parfois se fondent les cités.
Et que mon chant rempli de nos civilités
Rappelle combien plus ta création est belle.

Pour les plus rares dons, mon âme chante et prie :
Celui de consoler, celui de relever,
Et celui qui de tous est la source et le prix,
Celui que l’on comprend bien moins qu’on ne le vit,
La plus haute vertu, le précieux don d’aimer.

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