Angoisses

Nous reverrons les démons de la guerre
Venir hanter les replis de nos cœurs,
Et les chansons de nos Muses amères
Se briseront sur des écueils de peur.

Combien d’espoirs sur les nefs des pirates?
Combien d’horreurs sur les côtes lointaines?
Combien d’épées cachées sous une latte;
Pour renverser les richesses hautaines?

Combien d’or pur dans les Californies?
Combien de plomb dans la monnaie des princes?
Combien de sang, de sueur, de sanie,
Pour un sourire au bordel de province?

Combien d’idées sur les livres de pierre?
Combien d’oublis des désastres antiques?
Combien de Troies, assaillies de galères,
Ont rejeté leurs Cassandres pudiques?

Combien de ciel dans les yeux des savants?
Combien de feu dans les ventres d’avions?
Combien d’amours de poètes tremblants
Sont avec rage effacés sans raison?

Combien de fleurs fanées sur un trottoir?
Combien d’amants transis sous un balcon?
Combien de cœurs posés sur un comptoir
Se sont noyés dans le lit d’un flacon?

Combien d’enfants nourris dans la misère?
Combien d’espoirs sur leurs épaules frêles?
Combien de joies dans les ventres des mères
Sont devenus des rites solennels?

Combien de fer pour briser un esprit?
Je n’en sais rien, ô triste poétesse.
Mais dans ma nuit, je me lève et je prie
Que notre amour ne se change en détresse.

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