Fuir

Resterai-je demain entre les murs de Troie
Quand les Grecs assemblés sonneront l’hallali,
Quand les chiens dévorants hurleront sur nos voies
Et que les fils de chef iront souiller nos lit?

J’ai été rejeté, mes pairs m’ont méprisé.
La honte était mon lot dans les halles de pierre.
Je voulais les honneurs et je n’ai pas osé
Dire que Cassandra savait plus que nos frères.

Quand Hector est tombé, les bras se sont faits lourds,
Le bronze a défailli, et la clameur maudite
Des fuyards résonnant, les dieux ont fait les sourds.
Les femmes ont pleuré au temple d’Aphrodite.

Ce soir ou bien demain, nos lois s’effondreront.
Sur la brèche et la ruine, un guerrier amer
Tuera son espérance et l’honneur de son nom.
Restera le pouvoir des Achéens pervers.

Mais où fuir? Où trouver un abri? Où aller?
Vers quelle Hyperborée ou vers quelle Éthiopie?
Nous recherchons en vain la rive non souillée
Où nous échapperons à leurs griffes impies.

Dois-je craindre aujourd’hui les caprices des rois?
Et dois-je redouter les fureurs de la plèbe,
La haine des vieillards chargés de trop de poids
Les cris des révoltés s’extirpant de la glèbe?

Je franchirai les mers sur des vaisseaux courbés.
Je confierai ma voix à la voie des oiseaux.
J’irai à l’inconnu, toute peur retombée,
Et mes mains bâtiront des villages nouveaux.

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